Dans son discours célébrant l'héroïsme contre les nazis allemands, Vladimir Poutine a appelé l'armée à se battre aujourd'hui « pour la patrie, pour son avenir ». Mais la réalité économique est tout autre.
« Une belle fête russe… » Sous le ciel gris de la place Rouge, Leonid Mikhelson a le sourire de circonstance et le verbe contrit. Ce lundi 9 mai midi, le patron de Novatek, groupe gazier privé partenaire de TotalEnergies pour les grands projets de GNL en Arctique, affiche un enthousiasme limité. Assis dans la tribune d'honneur avec d'autres personnalités politiques et du monde des affaires, il vient d'assister au défilé militaire célébrant le soixante-dix-septième anniversaire de la victoire soviétique contre les fascistes en 1945. Et d'écouter le discours de Vladimir Poutine. Le président, chef des armées, a repris son narratif pour justifier l'« opération spéciale » en Ukraine. Il a cherché à mobiliser troupes et opinion publique : « Vous vous battez pour la patrie, pour son avenir. »
Debout face à ses troupes, dos au mausolée de Lénine recouvert et caché pour l'occasion, le chef du Kremlin n'a cependant pas utilisé le mot « guerre » ni même nommé l'Ukraine. Loin donc des déclarations guerrières redoutées par les Occidentaux et espérés par certains Russes. Vladimir Poutine n'a en fait pas évoqué l'évolution du conflit ni donné d'indication sur sa durée. Après avoir brandi ces derniers jours la menace nucléaire, il n'a pas envoyé de nouveaux avertissements. Le président n'a mis en avant aucun résultat après cette campagne militaire moins victorieuse sur le terrain que ne le laissaient présager ses déclarations en février. La priorité est à la mobilisation, de l'armée et de l'opinion.
ridha zaibi