La Haute Autorité de santé a publié ce lundi ses préconisations en termes de publics prioritaires pour la vaccination. Elle recommande de procéder en cinq étapes. La première centrée sur les Ehpad concernerait 840.000 personnes. Suivraient 15 millions de personnes : personnes âgées, malades et professionnels de santé
Priorité aux personnes âgées vivant en collectivité et au personnel de ces établissements présentant des facteurs de risques tels que l'âge ou une maladie chronique. On sait désormais qui seront les premiers destinataires du vaccin anti-Covid, et incidemment, où s'effectuera la vaccination en janvier . C'est en tout cas ce que recommande la Haute Autorité de santé (HAS) ce lundi dans un avis sur les publics prioritaires pour se faire immuniser contre le Covid . Elle y expose un plan de bataille en cinq phases, à dérouler en fonction du rythme d'arrivée des doses et à adapter au gré de la progression des connaissances scientifiques sur l'efficacité des vaccins
La première phase concernerait 840.000 personnes (et non 1,4 million comme indiqué précédemment), dont 750.000 résidents en maison de retraite ou personnes âgées accueillies dans des unités de soins longue durée. Un tiers des décès du Covid sont survenus parmi les pensionnaires des Ehpad. Seraient également prioritaires, selon la HAS, les membres du personnel de ces établissements âgés de plus de 50 ans ou souffrant d'une maladie chronique : obésité, maladie respiratoire, hypertension artérielle compliquée, insuffisance cardiaque ou rénale, diabète, cancer, transplantés, etc
Prévenir les formes graves
« Notre fil rouge est de donner la priorité aux plus vulnérables et à ceux qui s'en occupent », a expliqué Dominique Le Guludec, la présidente de la HAS, lors d'une conférence de presse, ce lundi, après avoir rappelé que la Haute Autorité établissait sa stratégie « en toute indépendance et en fonction des données de la science et de l'épidémie ». Il aurait également été possible de viser d'abord les personnes risquant le plus d'en contaminer d'autres, mais on ne sait pas encore si les vaccins évitent la transmission du virus. Le seul critère évalué pour l'instant est la capacité à réduire le risque de forme grave, hospitalisation ou décès
Il faudrait 2 millions de doses pour la première phase. Elles ne seront pas toutes consommées, puisque la vaccination ne va pas être rendueobligatoire, comme l'a annoncé le chef de l'Etat. « La HAS est favorable à une vaccination volontaire. Nous souhaitons l'adhésion des Français, fondée sur une transparence totale et une information claire », a insisté Dominique Le Guludec. Les doses inutilisées en première phase serviront pour la deuxième et la troisième phase, qui « suivront de très près » la première, selon le vice-président de la commission technique des vaccins de la HAS, Daniel Floret.
Deuxième et troisième phases
En deuxième phase, la vaccination serait étendue à toutes les personnes âgées, en commençant par celles de plus de 75 ans atteintes d'autres maladies, et en terminant par celles de plus de 65 ans sans comorbidités. Les professionnels de santé et des établissements médico-sociaux seraient également vaccinés s'ils ont plus de 50 ans ou une maladie chronique. Une quinzaine de millions de personnes sont concernées
La troisième phase approfondirait cette stratégie en supprimant le critère de risque ou d'âge pour les professionnels et en visant tous les Français de plus de 50 ans. Soit 17 millions de personnes. Surtout, c'est à ce stade que l'on commencerait à vacciner les travailleurs des secteurs indispensables au fonctionnement du pays. « Il ne revient pas à la HAS de définir ces secteurs », mais au gouvernement, a précisé Daniel Floret, en citant tout de même la sécurité et l'éducation.
Elargissement de la vaccination
L'année 2021 sera sans doute bien avancée lorsque l'on décidera de passer la vitesse supérieure avec les phases 4 et 5, celles de l'élargissement. Il s'agirait de vacciner les moins de 50 ans, en commençant par ceux qui sont placés dans un environnement favorisant la contagion, au contact du public, ou en milieu clos avec une difficulté d'application des gestes barrières. Les pensionnaires des hôpitaux psychiatriques, les SDF, les détenus sont dans cette catégorie
Enfin, en phase 5, tout le monde pourrait se faire vacciner, sauf les moins de 18 ans. Il n'y aura pas d'autorisation de mise sur le marché pour les mineurs dans un premier temps, car le risque de forme grave du Covid est faible chez les plus jeunes. Mais si les vaccins s'avèrent efficaces pour lutter contre la transmission du virus et s'il n'apparaît pas d'effets indésirables graves au fil des mois, rien ne s'opposerait en théorie à une vaccination intégrale de la population