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?La vaccination peut-elle être obligatoire

La question de la vaccination obligatoire contre la Covid revient trop souvent dans le débat pour qu’il ne s’agisse pas d’une tentative de l’instaurer à terme. Le comité scientifique doit le recommander, en proposant de commencer par obliger à se vacciner les professionnels ayant le plus de contacts, mais aussi les enfants et adolescents, seul moyen, , d’atteindre « une immunité collective suffisante pour contrôler l’épidémie ».
Une légitimité vaccinale ?
Certes, il y a des arguments en faveur de la vaccination obligatoire. Car ceux qui ne se font pas ou ne se feraient pas vacciner, par crainte de faire partie des rares cas de complication médicale collatérales, feraient reposer injustement ce risque sur les autres en attendant que le seuil des audacieux vaccinés soit atteint pour leur procurer l’immunité collective obtenue au-delà, semble-t-il, de 80 ou 90% de vaccinés.
Un autre argument est que de nombreux pays ont des obligations vaccinales. Une étude de l’Université canadienne McGill publiée l’an dernier relève que 54% des 193 pays étudiés pratiquent une politique nationale de vaccination rendant obligatoire au moins un vaccin. 62 de ces pays (59 %) sanctionnent le non-respect de la vaccination obligatoire avec des peines allant d’amendes uniques minimes à des peines d’emprisonnement. Mais ces obligations vaccinales visent surtout les nourrissons. En Europe, par exemple, en 2017 treize pays avaient choisi de rendre au moins un vaccin obligatoire pour les nourrissons ; six d’entre eux imposaient dix vaccins aux nourrissons. L’obligation de vaccination des enfants relève d’une politique sociale et sanitaire de protection des mineurs encore irresponsables d’eux-mêmes. L’Etat peut considérer, même si c’est discutable, qu’il est de son devoir de les protéger de parents éventuellement négligents ou sectaires, comme il rend l’instruction obligatoire tout en laissant une liberté (relative) aux parents quant au choix de ses modalités.
La liberté ne doit-elle pas primer ?
Mais les adultes qui, sauf cas particuliers, sont censés disposer de leur libre arbitre ne doivent-ils pas pouvoir choisir leurs soins ? Certains peuvent légitimement craindre la vaccination tant qu’il est avéré que quelques cas de vaccination sont préjudiciables, même s’il est désormais scientifiquement reconnu que dans tous les cas il est beaucoup moins risqué de se faire vacciner plutôt que de ne pas se faire vacciner. Faut-il respecter ceux que des convictions religieuses, éthiques ou autres rendent réticents, voire hostiles aux vaccins ?
Ma propre conviction est que l’hostilité aux vaccins est irrationnelle et dangereuse. Elle ressemble à une posture Amish. Chaque homme a un devoir moral de protéger sa vie et celle d’autrui, ce que favorisent les vaccins. Ce sont eux qui ont permis d’éradiquer de très nombreuses épidémies depuis Pasteur. Curieusement d’ailleurs, ce sont souvent les mêmes qui admiraient le professeur Raoult pour le courage qu’il avait de proposer des solutions médicales innovantes quand personne ne savait comment faire face au virus et qui aujourd’hui disent se méfier des vaccins parce qu’ils ne sont pas suffisamment éprouvés !
Une solution d’équilibre
Au demeurant, il vaut mieux respecter la liberté de chacun, tout en cherchant à les convaincre, parce que le principe du respect de l’autre est aussi celui du respect de ses croyances, et aussi parce que la contrainte est souvent un mauvais moyen de lutter contre l’erreur supposée. A condition toutefois que ça ne nuise pas manifestement aux autres.
Selon Santé Publique France, 81 032 professionnels auraient été infectés en établissement de santé dans la période du 1er mars 2020 au 03 mai 2021. La Covid-19 est devenue la première maladie nosocomiale en France avec 45 000 cas d’infections de malades à la Covid-19 entre janvier 2020 et le 14 février 2021. Il n’est pas normal que l’hôpital public devienne un danger pour les patients. Les hôpitaux devraient donc tout faire pour persuader leurs personnels de se vacciner (ce qu’ils font d’ailleurs généralement) et à défaut avoir la possibilité d’exiger cette vaccination sous peine de licenciement pour faute, sauf exemption médicale dument constatée et vérifiée. Il pourrait en être de même pour les enseignants et peut-être d’autres professions de service public appelées à travailler en contact permanent avec un public contraint (le patient qui ne va pas à l’hôpital par plaisir, l’élève astreint à l’obligation de scolarité…).
Dans d’autres secteurs tels ceux du spectacle ou de la restauration, il devrait être permis aux employeurs d’exiger la vaccination dans les conditions susvisées. Mais chaque établissement pourrait choisir sa politique à l’égard du personnel et de ses clients en les en informant. Il y aurait ceux dont les personnels sont vaccinés et qui auraient le droit, s’ils le veulent, de n’accueillir, sans contraintes, que des vaccinés, et les autres chez lesquels les vaccinés pourraient aller, s’ils le souhaitent, mais à leurs risques et périls. Ceux qui ne voudraient pas se faire vacciner seraient libres de leur choix, mais ils en subiraient les conséquences : les clients choisiraient. On admet bien d’être obligé de se vacciner pour voyager dans tel ou tel pays.
Aux États-Unis, il n’y a pas de vaccination obligatoire au niveau fédéral. Mais les états ont mis en place des obligations à l’entrée à l’école, au jardin d’enfant, à l’université, pour des activités collectives, notamment sportives, avec dans certains cas des dérogations possibles pour des motifs religieux ou philosophiques.
Bien entendu, l’obligation vaccinale ne pourrait être admise juridiquement, politiquement et moralement qu’à partir du moment où compte tenu des disponibilités vaccinales, tous ceux qui le souhaitent auraient pu avoir accès au vaccin.
Il est évident que de telles mesures posent des problèmes éthiques difficiles. Il faut trouver l’équilibre entre la liberté personnelle, la défense de la vie, en tant que telle et dans ses formes d’exercice, et le respect social. Mais il n’y pas de liberté sans responsabilité assumée. Et l’attitude du passager clandestin faisant payer le voyage (le risque de la vaccination) aux autres est irresponsable. Le débat mérite pour le moins d’être ouvert.(ridha zaibi)
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